Gabrielle uniquement

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samedi 29 décembre 2007

Cachot


cachot

Les murs qui se dressent.
Plus épais et plus rugueux que jamais.
Où est l'envie de s'y sentir plaquée, exposée, chevillée et bientôt offerte ?
Où est l'envie de s'y savoir sacrifiée à l'autel de sa toute-puissance ?

Le noir qui s'étend, qui se répand.
Où sont les bougies ?
Où sont leur flammes aussi chaudes que cruelles ?
Où sont leurs cuisants tourments ?
Eux que l'on redoute tellement mais que, dans ces tenèbres si épaisses, l'on vient à implorer obscurément.


Le silence qui grandit, qui s'épanouit.
Où sont les soupirs complices, les aveux ?
Où sont les cris dont on ne sait plus s'ils sont douleurs ou plaisirs ?
Le silence oppressant qui ronge, qui gangrène les mots.
Le silence qui dévore déjà tout ce qu'ils signifaient.

Le silence qui ravage au plus profond.

Il n'y a pas de repentir.
Il n'y a pas d'expiation.
Il n'y a plus de plaisir.
Il n'y a plus que l'incompréhension.
Et la peur.

mercredi 19 décembre 2007

Exquis plaisirs byzantins

Où Gabrielle ne se raconte plus d'histoires

La ceinture du Sultan

Baptême

Elle l'avait, sur elle, fait ruisseler brûlante.
L'eau avait noyé sa honte ; le crin avait étrillé sa peau et biffé sa pudeur ; la lame acérée avait parachevé de la démasquer.
Lisse et plus nue que jamais, elle était devenue les mots qu'elle égrenait en secret, qu'elle couchait sous pseudonyme, qu'elle vivait sous alibi.

Aux marches du Palais

La porte était entrouverte, pourtant elle frappa.
Elle frappait toujours. Elle marquait ainsi la frontière :
Devant la porte, c'était elle.
Outrepassée celle-ci, elle était Gabrielle.
Elle frappait toujours. Elle marquait ainsi son rang, le revendiquait. Car il n'est pas de plus altière manière que d'embrasser le joug de son Sultan, le front haut et le corps déjà pantelant, priant qu'on le châtie, qu'on le rompe et que ce faisant on le donne en pâture à ses plus obscurs vertiges.

Le siège du Gouvernement

Flambeaux et chandelles projetaient peur et lueurs sur les draperies, les sofas, les tapis. Encens évidemment. Il n'était désormais plus d'autres repères que les siens. Il était le maître des lieux, le maître du monde — et surtout le sien.
Mais pour l'heure le Sultan la voulait punir, la voulait non pas servile mais fautive. Peu en importait la raison, par la seule volonté monarchique Gabrielle se savait coupable et en accepta le décret avec pour seule protestation un faible et apeuré gémissement. Alors dans l'abyssal silence de la situation dont chacun mesurait l'inexorable, perverse requérante de l'arbitraire sanction, elle baissa elle-même ses effets.

Reins creusés et croupe tendue, les secondes se décomptent au métronome...


Quand le Sultan entre en voie de condamnation

Reins creusés, croupe tendue, les secondes se décomptent au métronome...
Reins creusés, croupe tendue, les secondes devenaient chamade, le temps s'était fait brimade.
Tintements de boucle metallique.
Glissements furtifs.
Chacune des extrémités de la ceinture qui le ceignait fût bientôt étroitement empaumées.

Gabrielle attendait. Terrifiée par l'inédite discipline, perversement curieuse d'en goûter le cuir autant que la nouveauté, l'imagination déjà tourbillonnante de scènes dont elle n'osait pas même se faire la protagoniste. Elle ne l'avouera pas ; même son souffle ne trahira rien d'autre que son incontestable effroi mais les rives de la douleur ne furent plus exquises que délibérément offerte à la sombre sangle, fesses tendues, dos bandé pour mieux la sentir s'imprimer, pour mieux l'entendre claquer et plus encore d'obéir à son ordre de ne point bouger, de ne point protester.
Et s'il n'est qu'un plaisir à garder c'est celui de la caresse de la paume qui remontait en haut de l'épaule le soie du vêtement avant de s'abattre sur elle, sanglée d'une longue et sévère boucle de cuir noir.
Divin vertige... Arquer le dos pour mieux jouir d'elle et de la main qui la tient. Des images obscures tirées de ses plus anciennes et infâmes rêveries, des contes cruels dont elle savait embellir ses songes d'enfants, elle tirait une ivresse insoupçonnée.

Gabrielle faisait fi de sa crânerie. Gabrielle ravalait sa morgue. Gabrielle s'avouait à elle même combien son plaisir était grand.
Gabrielle fait fi de sa crânerie. Gabrielle ravale sa morgue. Gabrielle sait qu'elle doit maintenant avouer à son Sultan combien lui complaît sa ceinture glissant le long de ses passants avant de la faire danser dans une ondoyante et lente correction.

Où l'organe du pouvoir se fait clément

C'est ici aussi qu'elle doit lui confesser qu'ainsi domptée, bientôt emplie de lui, bientôt broyée par l'étau de ses doigts auxquels, sur son ordre, elle offre son buste, la plus soudaine, la plus exquise et la plus puissante des voluptés la balayera de ce monde... pour y revenir plus soumise et débauchée que jamais...

lundi 17 décembre 2007

Sodalité