dimanche 24 juin 2007
Rubor con dolore
Après la nuit, après le matin, après
la foudre, les fièvres et les rafales, il y a le temps
où le corps s'abstrait. Irrésistiblement.
Perclus est-il. Reclus également.
De la plus impérieuse des façons.
Embusqué sur lui-même, hostile au monde. Se fuyant
désespérément mais trop honteux pour
ouvrir les yeux.
Il y a le temps où plus rien n'a prise sur lui ; ni les
envies débusquées, ni les soupirs
échangés, ni les souvenirs ardents.
Il y a le temps où plus rien n'existe que son mal
à lui. Le mal en son tréfonds, au delà
des chimères de la nuit et des rêves
Le temps où il se dérobe à toute autre
sensation que celle d'être un animal blessé. Se
terrer. Lécher ses blessures. A la moindre brise, gronder,
feuler éventuellement.
Moment particulier où le corps se ramasse sur
lui-même. Durant un instant, durant une paire d'heure. Une
éternité où il est le maître
du monde. D'un monde écarlate. Un monde tendu de vermillon
comme l'humiliation qui orne son front, un monde tracée
à la sanguine, comme celle qui zèbre sa peau, un
monde couleur cramoisi, aussi vif que le sang qui bat si fort dans ses
veines.
Alors il faut l'apaiser. Le rassasier, le baigner. Le
réapprivoiser. Ne pas le laisser se détester mais
le reconquérir. Et puis surtout lui pardonner. Lui pardonner
d'aimer l'inacceptable : s'échapper
irrésistiblement pour se donner à l'autre,
courtiser les maux tel un gentilhomme qui courbe trop bas
l'échine devant son monarque. Le maudire aussi. Durant un
instant, durant une paire d'heure. Une éternité
où il est à la quintaine du monde.
Ce billet est spécialement dédié à harkhange.
C'est ce que Gabrielle a écrit le
dimanche 24 juin 2007 à 01:23
au chapitre pêle-mêle & culbutis