Prélude
Allongée sur le ventre en travers du lit, je
frémis, souffre et gémis de notre
dernière rencontre. Mettre des mots sur des souffles, des
sons et des sensations. Vivre une fois encore ces moments denses,
où ce qui compte est de vivre l'instant, et non de le fixer
pour la postérité.
Deux heures de train pour quitter mon présent et entrer dans
le tien. Me défaire de mes embarras, de mes alentours,
changer de temps pour me fondre dans le tien. Lorsque j'ai
quitté le marchepied, j'étais telle que tu le
souhaitais sous mon grand manteau noir, je m'étais
parée du désir de t'obéir faisant de
toi le mitan de mon univers. Te chercher des yeux un peu
affolée, te quérir, te retrouver, m'y blottir, te
serrer et ne plus rien savoir d'autre que m'absorber enfin de ta
présence, de ton essence, de ta substance,
nécessairement indifférente au monde puisque pour
l'heure tu bornes le mien.
Fantaisie viscérale.
Je me souviens perdre pied contre le mur, je me souviens de tes mains
qui m'explorent, de ma peau qui t'attend, je me souviens des draps et
que
tu m'ouvres les paupières. Je suis tremblante de
désir, de fièvre et de passion. je n'ai plus que
l'envie de m'offrir à toi, à ce que tu souhaites
prendre de moi, profondément, inexorablement, sans
concession.
Tendre mes reins, te laisser m'ouvrir à ta mesure,
à tes mesures, puissamment, sans hésitation ni
fourvoiement. Me tendre encore et me surprendre à soupirer
de plaisir, je sais que tu ne changeras pas de voie, que longuement tu
prendras possession de moi, tout le temps qu'il faudra, tout le temps
qu'il te siéra et qu'inconditionnellement je banderai mon
corps pour m'y prêter plus encore.
Fantaisie extatique
M'abandonner à t'aimer, en dépit de notre
désunion. Chuchoter la vérité aussi
vaine qu'irréfutable. Éperdument
éprise, éperdument prise. Et puis soudainement
chavirer, terrassée d'émotions,
m'écrouler sur ton corps, vaincue de plaisir,
frappée de la force de mon transport,
épuisée et surprise. Éperdument
amoureuse, éperdument folle puisque
désespérément consciente que nos
munitions sont déjà parties en fumée