Où Gabrielle se rajuste...

Après la nuit, après le matin, après la foudre, les fièvres et les rafales, il y a le temps où le corps s'abstrait. Irrésistiblement.
Perclus est-il. Reclus également.
De la plus impérieuse des façons. Embusqué sur lui-même, hostile au monde. Se fuyant désespérément mais trop honteux pour ouvrir les yeux.
Il y a le temps où plus rien n'a prise sur lui ; ni les envies débusquées, ni les soupirs échangés, ni les souvenirs ardents.
Il y a le temps où plus rien n'existe que son mal à lui. Le mal en son tréfonds, au delà des chimères de la nuit et des rêves
Le temps où il se dérobe à toute autre sensation que celle d'être un animal blessé. Se terrer. Lécher ses blessures. A la moindre brise, gronder, feuler éventuellement.

Moment particulier où le corps se ramasse sur lui-même. Durant un instant, durant une paire d'heure. Une éternité où il est le maître du monde. D'un monde écarlate. Un monde tendu de vermillon comme l'humiliation qui orne son front, un monde tracée à la sanguine, comme celle qui zèbre sa peau, un monde couleur cramoisi, aussi vif que le sang qui bat si fort dans ses veines.

Alors il faut l'apaiser. Le rassasier, le baigner. Le réapprivoiser. Ne pas le laisser se détester mais le reconquérir. Et puis surtout lui pardonner. Lui pardonner d'aimer l'inacceptable : s'échapper irrésistiblement pour se donner à l'autre, courtiser les maux tel un gentilhomme qui courbe trop bas l'échine devant son monarque. Le maudire aussi. Durant un instant, durant une paire d'heure. Une éternité où il est à la quintaine du monde.


Ce billet est spécialement dédié à harkhange.