Rubor con dolore
Après la nuit, après le matin, après
la foudre, les fièvres et les rafales, il y a le temps
où le corps s'abstrait. Irrésistiblement.
Perclus est-il. Reclus également.
De la plus impérieuse des façons.
Embusqué sur lui-même, hostile au monde. Se fuyant
désespérément mais trop honteux pour
ouvrir les yeux.
Il y a le temps où plus rien n'a prise sur lui ; ni les
envies débusquées, ni les soupirs
échangés, ni les souvenirs ardents.
Il y a le temps où plus rien n'existe que son mal
à lui. Le mal en son tréfonds, au delà
des chimères de la nuit et des rêves
Le temps où il se dérobe à toute autre
sensation que celle d'être un animal blessé. Se
terrer. Lécher ses blessures. A la moindre brise, gronder,
feuler éventuellement.
Moment particulier où le corps se ramasse sur
lui-même. Durant un instant, durant une paire d'heure. Une
éternité où il est le maître
du monde. D'un monde écarlate. Un monde tendu de vermillon
comme l'humiliation qui orne son front, un monde tracée
à la sanguine, comme celle qui zèbre sa peau, un
monde couleur cramoisi, aussi vif que le sang qui bat si fort dans ses
veines.
Alors il faut l'apaiser. Le rassasier, le baigner. Le
réapprivoiser. Ne pas le laisser se détester mais
le reconquérir. Et puis surtout lui pardonner. Lui pardonner
d'aimer l'inacceptable : s'échapper
irrésistiblement pour se donner à l'autre,
courtiser les maux tel un gentilhomme qui courbe trop bas
l'échine devant son monarque. Le maudire aussi. Durant un
instant, durant une paire d'heure. Une éternité
où il est à la quintaine du monde.
Ce billet est spécialement dédié à harkhange.
C'est ce que Gabrielle a écrit le
dimanche 24 juin 2007 à 01:23
au chapitre pêle-mêle & culbutis, page #45
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Commentaires
1. Le mercredi 27 juin 2007 à 03:29, par longjohnsilver31
Bonjour,
parcourant le web par devoir (boulot),
mais aussi par plaisir,
ce qu'il me plaît dans votre blog:
Vos textes.
Le retour de la poésie,
de la liberté de pensée,
la puissante prise de position des femmes sur la place publique,
la sensualité,
et les rêves que par là me permettez (!)
Pour tout cela je vous remercie.
Ici, la journée s'annonce belle,
je vous en souhaite une pareille.
Cordialement,
ce court mot d'un pirate un peu fou,
dangereux mais souriant à la vie ;-)
à Gabrielle (nom magnifique soit dit en passant(!))
Bonne journée,
Long John Silver
2. Le mercredi 27 juin 2007 à 04:02, par longjohnsilver31
PS: un texte qui m'a fait penser... à votre pensée.
Un court poème antique que j'adore par clarté/simplicité/complexité:
"Le tao est vide
jamais l'usage ne le remplit.
Gouffre sans fond
il est l'origine
de la multitude des êtres et des choses.
Il émousse ce qui tranche
Démèle les noeuds.
Discerne , dans la lumiere
Assemble ce qui, poussière, se disperse.
D'une profondeur invisible
il est là
enfant de l'inconnu
ancêtre des dieux.
Le tao est vide
jamais l'usage ne le remplit.
Gouffre sans fond
il est l'origine
de la multitude des êtres et des choses.
Il émousse ce qui tranche
Démèle les noeuds.
Discerne , dans la lumiere
Assemble ce qui, poussière, se disperse.
D'une profondeur invisible
il est là
enfant de l'inconnu
ancêtre des dieux.
Tao te king - Lao-tseu (600avJC)"
Re-bonjour,
Long John Silver
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