Gabrielle uniquement

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dimanche 26 mars 2006

Parure et ligature


une paire de jambes chaussée de bottes très hautes

Se parer, s'harnacher.
Je porterai donc mes bottes interminables.
Se parer, se camoufler aussi.
Car se vêtir ainsi c'est enfiler la peau d'une autre que soi, quelqu'une qui n'aurait pas d'embarras avec ce corps dont je me surprends à penser parfois que si j'aime tant qu'on le soumette c'est peut-être parce que moi je n'y suis jamais parvenue autrement que par le truchement du regard des autres.
Entrer en séduction.
Souligner sans mentir.
Éveiller et offrir.
La journée sera longue à sentir l'élastique des bas prier tout au long de celle-ci qu'on joue avec eux ; à s'asseoir à même le tissu d'une jupe au prétexte d'une lingerie minimaliste qui vous traverse de part en part ; l'un et l'autre ne sont déjà ni plus ni moins que les liens de ma fantasmagorie.
Sentir qu'il existe et surtout qu'il est fondé à réclamer sa part de soupirs, sa part de plaisir, ce corps dont je n'ai pourtant pas à rougir mais que j'aimerai parfois oublier. Quel somptueux paradoxe que de le punir pour le laisser vivre enfin...

mercredi 22 mars 2006

« Bonjour Monsieur, je suis Gabrielle »

Où Gabrielle conjecture la rencontre programmée
Accoudé, un homme attend ; un fouet à la main





Que dit-on à un homme à qui l'on a confié ses plus intimes féeries ?
Comment aborde-t'on celui à qui l'on a révélé sans même le connaître les secrets de sa fantasmagorie ?
Comment parvient-on à suffisamment lézarder sa façade pour accoster les sujets qui nous consument.
Avec des rires ? Avec des sourires ? Avec des soupirs ?

Mais surtout, au delà des mots, des regards et des fards, le moment qui me défie, me menace et m'invite, c'est celui où deux éclats de corps se rencontrent. Qu'il s'agisse de mains qui s'effleurent, de coudes qui se cherchent où de paumes qui caressent, cette alchimie-ci ne peut-être pour moi que cauchemar ou vertiges. Au rang de mes émotions, le contact ne souffre pas la demi-mesure. J'ai parié sur le vertige. Je peux aussi me tromper.


Perspective et expectation


le café, lithographie d'Edouard Manet, 1869

Le café — Edouard Manet — Lithographie, 1869


J'ai dit oui à un homme entrecroisé dans un café.
Oui à ses mains, oui à ses liens.

Je savoure le temps qui passe.
Le temps où l'on sait que cela sera
Le temps qu'on devine, qu'on espère, qu'on appelle.
Le temps où l'on attend.
Affolée d'avoir dit oui mais le corps déjà en maraude.