C'est à moi, la véhémente qui a
élevé au rang d'un art consommé sa
liberté, son indépendance et son franc parler,
qu'il me plaît de ployer le cou devant lui.
En moi que l'envie naît de fermer les yeux et de courber
l'échine, goûtant à n'en plus finir les
vertigineuses émotions de mon allégeance.
C'est à lui que j'ai envie d'obéir. En lui que je
mets ma foi, me départissant de ma volonté pour
m'en remettre à la sienne exclusivement.
En lui qu'il me plaît de croire, choisissant l'abandon
plutôt que les hésitations, décidant de
me livrer à son gouvernement au lieu de tergiverser dans mes
propres embarras.
Mais s'en déférer à lui c'est surtout
un immense vertige, c'est savourer un plaisir confus, intense et
profond. Ce n'est pas seulement se départir de ses
atermoiements pour laisser son corps vivre ; pas plus que de
s'autoriser à goûter enfin les tourments. Non
c'est beaucoup plus puissant que tout cela réuni. C'est la
mesure de la confiance que je mets en lui lorsqu'à son
autorité je m'abandonne, c'est l'impérieuse
liberté de choisir en mon âme et conscience de me
soumettre à lui, c'est également la capitulation
de ce que chacun perçoit voire attend de moi, c'est le
renoncement à ce que je suis aussi.
Alors un rien honteuse mais infiniment éperdue j'attends ses
souhaits, manifestations de son autorité qui m'autoriseront
à ne pas douter que je lui appartiens, que je lui
obéis. Et que ce faisant je m'oublie le plus efficacement et
le plus prodigieusement qu'il soit possible de rêver. Se
donner pour s'échapper, être à lui pour
se fuir.
Et enfin se laisser vivre...