Autoportrait



Véhémente et impétueuse, pour toi, j'apprendrai la patience.
Celle que l'on contient en silence, le corps tendu, prêt à bondir, à gémir, à accourir.
Celle qui fait mal aussi, qui désarçonne et qui questionne.
Celle où ton absence ôte le soleil de mes jours.
Celle où ta présence fait briller mes nuits de mille feux.
Mon corps que tu as rendu affamé et à qui tu manques déjà tant, apprendra à se nourrir non plus de tes caresses et de tes tourments mais des secondes qui s'égrainent, de chacune d'entre elles qui le rapprochera de tes mains, de ta bouche, de ton corps.

Pudique et réservée, pour toi je me dénuderai, je m'exposerai.
J'offrirai à tes yeux chacune des parties de mon corps telles que tu souhaiteras te les voir présentées.
Pour toi j'affronterai mes démons, ceux, si vieux et si puissants, qui me jettent dans la dérobade et dans la crainte de mon image.
Je te donnerai ce que j'ai toujours fui.
Je te donnerai plus que mes cris : je te donnerai mes peurs.

Hatelante, je le suis déjà.
Je veux être ta proie.
La proie de tes doigts, dans mes cheveux d'abord douceur et bientôt étau.
La proie de ta bouche, d'abord suave et qui bientôt carnassière viendra imprimer ta marque dans ma peau.
La proie de tes mains qui me soustrairont, m'étreindront, m'investiront.

Je ne veux plus sentir mon corps que par les outrages que tu lui fais subir.
Je ne veux plus voir mon corps que par tes yeux.
Pour toi, je percerai ma peau et porterai comme un signe d'appartenance ce qui m'a toujours révulsé.
Demande le moi et je serai tienne.