Démons et possession
Par pitié, donnez-moi la nuit. Intense, profonde. Celle qui
porte le bruit des outrages au firmament.
Une nuit noire que ne perceront que des cierges couleur de sang.
Enveloppez-moi de silence. Épais et lourd. Celui qui offre
un écrin aux sons des flagellations.
Un silence où l'envie devient plainte.
Un silence où le désir devient clameur.
Un silence où l'on ne sait si l'on doit prier pour qu'il
prenne fin ou pleurer parce qu'il s'éternise.
De l'encens brûlera.
L'encens des liturgies et des cérémonies.
Ce ne sera que par sa seule fragance que je vous saurai là.
Éperdue et animale je m'offrirai à l'imposition
de vos mains.
Par elles, je me laisserai lier.
Liée si serrée que le souffle me manquera.
Liée si serrée que déjà je
vous craindrai.
Crucifiée par votre volonté, à elle je
me plierai.
Envoûtée, je convoiterai alors les sangles qui
viendront nourrir mes démons.
Inexorablement et sans prêter attention à ma
litanie de "non", vous tracerez sur mon corps des signes de croix comme
autant de signes de foi.
Vous m'offrirez les marques de votre sortilège, celui par
lequel je n'appartiens plus à moi-même.
Implacablement, vous prendrez alors possession de moi.
N'écoutez pas mes prières.
Ne faites montre d'aucune miséricorde.
Amenez-moi au delà de moi-même.
Faites taire mes mauvais génies.
Délivrée d'eux, laissez-moi coite et soumise.
Démontrez-moi que je n'appartiens qu'à
vous-même.
Nourrissez-moi de la magie qui nous a réunis et qui apaise
si bien mes tourments.
Ses seuls vertiges suffiront à suspendre le temps.
C'est ce que Gabrielle a écrit le
lundi 24 juillet 2006 à 18:21
au chapitre vertiges & fantasmagories, page #28
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