De la commission vers la récidive
Chercher les mots des émotions dont
j'étais en
quête c'est aussi poursuivre la nuit dont on aurait voulu
qu'elle ne prenne fin autant que de vaincre ma pudeur.
Il me faut donc m'efforcer de passer le cap et les coucher sur le
papier aussi inexorablement que je
me suis offerte à ses caresses.
Retrouver un corps encore inconnu et déjà su.
Impatiente mais sans hâte. Sans nulle autre souhait que de ne
rien chercher mais de tout prendre, sans la moindre
hésitation. Prendre les frissons, les ivresses, les
tendresses et les outrages aussi. Ne plus savoir ce que l'on prise le
plus, la douceur où les tourments. Perdre mes esprits et
puis perdre les sens. Aimer le bruit des lanières avant
même d'en aimer l'impact.
Se délecter de ne pouvoir s'y dérober avant de
comprendre que les liens ne me maintiennent. Il m'est
désormais certain que sans eux je ne me serais pas
soustraite un seul instant à la cinglante piqûre
du cuir ou de la main. J'étais bien trop avide pour ne pas
m'y offrir, bien trop gourmande pour ne pas me tendre et abandonner
à la soumission ce corps affamé. Les liens
n'aliènent rien, les liens offrent, les liens exposent. Et
si je les aime tant c'est qu'ils réclament inexorablement
leur part d'offenses autant qu'ils me dédouanent d'implorer
pour recevoir celles-ci. Peu importe que je n'en sois dupe, ils sont la
permission de mon abandon. Celui d'aimer le mal que cela fait, celui de
procurer le bien que trop souvent je fuis. Celui aussi de ne plus rien
attendre de soi, uniquement tournée vers la main de l'autre.
S'oublier et puis quérir.
Et puis les oublier aussi, se passer d'eux, se contenter de la chaleur
et de l'ardeur de deux corps qui se trouvent et qui se
goûtent. Longtemps.
Et puis quand la nuit prend fin, qu'il faut bien se résoudre
à les séparer ces corps avides, et se fondre dans
le moule d'un quotidien convenable, conserver et
savourer à l'insu de tous, un coin de paupière
irrité par l'émeri d'une joue et la
légère éraillure d'un sein
mordillé.
C'est ce que Gabrielle a écrit le
lundi 10 avril 2006 à 01:04
au chapitre procès-verbaux & réalités, page #8
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